La planification intégrée dont il est question ici est un exercice qui englobe l’ensemble des parcs de la municipalité. Elle procède d’une analyse qui prend en compte les parcs existants, les désirs et besoins de la population, ainsi que les ressources disponibles. Elle est à moyen ou long terme, s’inscrivant dans une perspective de développement durable, et est en harmonie avec les grandes orientations adoptées par les élus, souvent dans un plan d’ensemble. Elle est suffisamment souple pour permettre des mises à jour ou des modifications périodiques.
Le besoin de planifier
Le besoin de faire (ou refaire) un plan pour les parcs d’une municipalité peut se justifier par diverses raisons :
• variations démographiques importantes : population croissante ou décroissante, déplacements de population, modifications de la composition de la population (âges, communautés culturelles);
• nouveaux lotissements (développement immobilier);
• planification générale : nouveau plan d’urbanisme, nouvelles vision et orientations;
• engagement électoral;
• vétusté généralisée des équipements et des infrastructures dans les parcs;
• désaffection ou baisse notoire de fréquentation;
• besoins exprimés de nouveaux équipements ou de nouveaux parcs (demandes des citoyens);
• volonté de développer une nouvelle vision selon diverses valeurs;
• etc.
Planifier au bénéfice de la communauté
• La planification vise à offrir un réseau de parcs qui répond bien aux besoins de tous les groupes de population.
• La planification vise à augmenter la fréquentation des parcs et à ce que les citoyens se les approprient comme lieux de vie, de plaisir et de jeu.
• La planification vise à augmenter l’accessibilité des parcs en raison de leur répartition sur le territoire et selon les cinq dimensions de l’accessibilité (temporelle, spatiale, économique, culturelle et sociale).
• La planification vise à offrir des espaces plus fonctionnels dans les parcs pour permettre aux citoyens de bouger davantage.
Une démarche démocratique
La démarche de planification devrait permettre aux citoyens d’exprimer leurs points de vue, leurs intérêts et leurs besoins, car ce sont eux qui sont les premiers usagers des parcs. Cette participation devrait notamment faciliter l’élaboration de la vision, la définition des objectifs et les choix d’aménagement.
La participation citoyenne peut se faire entre autres par :
• la consultation (sondages, groupes de discussion, forums citoyens, assemblées publiques)
• la représentation à un comité-conseil,
• la mobilisation d’organismes citoyens représentatifs.
Les organismes disciplinaires (fédérations, associations et clubs), les groupes de pression (environnement, santé, affaires, éducation), les entreprises, les institutions (établissements scolaires, centres d’hébergement, CPE) pourront également être consultés, mais l’équipe de planification ne devra jamais perdre de vue que l’intérêt général devrait prévaloir sur les intérêts particuliers de minorités.
Aussi, cette équipe devra faire la part des choses entre les besoins exprimés qui sont à court terme et ceux qui sont à plus long terme, entre les besoins de pratique libre (une valeur) et les besoins de pratique encadrée ou organisée.
L’ampleur des investissements requis et la perspective de développement durable exigent aussi une étude prospective des besoins. Planifier, c’est ainsi anticiper les tendances.
La coordination interservices
La planification d’un réseau de parcs est un exercice multidisciplinaire. S’il faut assurément un maître d’œuvre, par exemple le service d’urbanisme, d’autres services municipaux seront partie prenante à la démarche, notamment le loisir, la culture et la vie communautaire.
La vision préalable
Tout plan de mise sur pied ou de réorganisation d’un réseau de parcs devrait procéder d’une vision qui repose sur des valeurs et qui aurait avantage à être :
• validée par l’adhésion des citoyens à son énoncé;
• intégrée à la vision plus globale de la municipalité qui détermine ses grandes orientations.
Les désirs et besoins de la population
On ne devrait pas confondre désirs et besoins. Bon nombre de citoyens ont des besoins en matière de plein air et d’espaces de pratique libre pour leurs loisirs, mais ils ne les exprimeront peut-être pas. En revanche, des désirs exprimés peuvent être de simples effets de mode sans correspondre à des besoins profonds à plus long terme.
Cela ramène à l’importance de bien connaître la population. Statistiques les plus récentes, évolution démographique et tendances à long terme, répartition sur le territoire, caractéristiques culturelles fourniront autant de données précieuses pour l’analyse.
Par ailleurs, on cherchera à connaître les désirs et besoins des gens selon les groupes d’âge (enfants, préados, ados, jeunes familles, adultes, aînés) par divers moyens : sondages ou enquêtes, forums citoyens, groupes de discussion, etc. Veiller à rejoindre les groupes de population qui participent peu aux loisirs offerts par les organismes et la municipalité, ou qui fréquentent peu les lieux publics comme les parcs : personnes seules, personnes ayant des handicaps, jeunes filles dans certaines communautés, etc.
La consultation des organismes du milieu, tout particulièrement les organismes communautaires, peut aider à obtenir un portrait plus complet. On relèvera notamment les besoins du milieu scolaire (en période scolaire et en dehors de cette période) et ceux des services de garde.
La connaissance des usagers
Il importe de connaître le profil des usagers des parcs et autres lieux publics de loisir, et, si possible, à l’aide de données antérieures, l’évolution de ce profil : « La clientèle a-t-elle changé ? » pourrait-on résumer.
Aussi, « à quelle fréquence vont-ils au parc ou dans les autres lieux » ?
Si on procède par sondage, pourquoi ne pas demander en même temps à ces usagers s’ils sont satisfaits des services offerts, des équipements, de l’accessibilité, de la sécurité, de l’entretien et du personnel? Ont-ils des suggestions à faire pour améliorer les services?
Les ressources
L’inventaire des ressources disponibles est fondamental pour la planification. Il importe en effet de savoir ce que l’on a (et dans quel état) pour mieux déterminer ce que l’on veut dans une perspective réaliste. Les ressources à examiner sont de trois ordres : matérielles, humaines et financières.
1. Ressources matérielles
On fera l’inventaire quantitatif et qualitatif des ressources :
a) municipales sur le territoire : parcs et autres espaces publics, équipements qu’ils contiennent, état de fonctionnement…
b) non municipales sur le territoire : cours d’école, terrains privés boisés, équipements de sport et de jeu qu’ils contiennent…
c) extraterritoriales (à proximité) : parcs régionaux ou nationaux, bases de plein air…
2. Ressources humaines
a) Nombre d’employés qui travaillent dans les parcs, liste des fonctions, mécanismes de coordination
b) Accompagnateurs de groupes qui fréquentent les parcs : provenance, fonctions, formation
3. Ressources financières
a) Budget des parcs et évolution (analyse des divers postes budgétaires)
b) Programmes de financement d’infrastructures provinciaux et fédéraux
c) Contribution pour fins de parc (Fonds parcs)
d) Autres sources de financement possibles : Pacte rural, revenus de la taxe fédérale d’accise sur l’essence (voir http://www.mamrot.gouv.qc.ca/actualites/actualite/article/taxe-federale-daccise-sur-lessence/), etc.
Les principes directeurs
Les étapes précédentes devraient permettre de dégager un certain nombre de principes directeurs. Ces principes peuvent être associés aux valeurs retenues dans la vision, mais ils auront une portée opérationnelle, donc devront être plus détaillés.
Par exemple, si on a retenu la valeur accessibilité et qu’il y a une demande citoyenne d’accroître l’accessibilité, il faudra préciser de quelle manière on veut favoriser cette accessibilité et quelles dimensions de l’accessibilité il faudra privilégier. L’accessibilité temporelle pourrait notamment exiger des efforts particuliers pour offrir davantage d’espaces de jeu en hiver.
De même pourrait-on parler du principe de complémentarité, qui commande de répartir judicieusement les ressources dans le réseau.
Les principes directeurs seront des références constantes pour la conception, l’aménagement ou le réaménagement de chaque parc. Ils serviront aussi de base pour déterminer les indicateurs de succès (voir plus loin).
Les choix à effectuer
Suivant l’analyse des données recueillies, l’étude des besoins et l’inventaire des ressources, l’équipe de planification devrait se trouver face à plusieurs choix. Ces choix devraient être guidés principalement par la vision, les valeurs de référence et les principes directeurs. Voici quelques pistes en forme d’interrogations :
• Quelle proportion du territoire devrait être réservée aux parcs ?
• Devrait-on créer un ou des nouveaux parcs? De quel type? Où? Sur quel terrain?
• Devrait-on changer la vocation de certains parcs?
• Quels parcs devront faire l’objet d’un réaménagement? Quel genre de réaménagement?
• Peut-on conclure des ententes de partenariat pour l’utilisation d’espaces qui n’appartiennent pas à la municipalité?
• Peut-on augmenter la fréquentation en concluant des ententes de partenariat avec des institutions ou des organismes?
• Dans quels parcs pourrait-on améliorer les espaces de jeu pour les enfants en vue de contribuer davantage à leur développement?
• Convient-il de relier tous les parcs en réseau à l’aide de voies de circulation favorisant le transport actif?
Le cadre budgétaire
Le cadre budgétaire devrait englober toutes les phases du processus de gestion des parcs, soit, après la planification elle-même, la conception de nouveaux parcs (s’il y a lieu), la réalisation (aménagement ou réaménagement), la promotion, l’appropriation, les opérations courantes et l’évaluation.
La cohérence
La planification d’un réseau de parcs ne se fait évidemment pas en vase clos. Le plan s’harmonisera avec le plan d’urbanisme ou le schéma d’aménagement (à moins qu’il ne s’y trouve intégré) et tiendra compte des règlements de zonage, ainsi que de toute autre politique ou réglementation afférente, qu’il s’agisse de sécurité publique, de protection de l’environnement, de salubrité ou autre.
Il est souhaitable que la vision, les valeurs et les principes directeurs soient repris ou reproduits dans d’autres plans municipaux ou dans diverses politiques municipales.
Les indicateurs de succès
Il est essentiel enfin que le plan définisse des indicateurs de succès mesurables périodiquement. Mentionnons par exemple :
• la fréquentation (si possible, par groupe d’âge);
• la sécurité (relevé des incidents et accidents, efficacité des interventions d’urgence);
• l’appréciation par les usagers (référence à la valeur « plaisir »);
• la variété des activités pratiquées librement;
• la participation aux fêtes populaires et autres rassemblements;
• la diversité des groupes d’usagers;
• les demandes d’organisation d’activités spéciales;
• la « santé » de la flore et de la faune (diversité biologique).
Un guide de planification au niveau municipal
Pour en savoir plus long sur la planification stratégique au niveau municipal, voir :